Uashat mak Mani-utenam
Mémoires du Territoire.

Un projet qui implique la communauté

Volet expérimental de la recherche, «Mémoires du territoire» est une exploration de moyens permettant aux membres d'une communauté de définir et d'exprimer leur propre conception de ce qu'est la culture. Il s'oppose à la pratique habituelle où des gens reconnus comme experts de la culture, le plus souvent extérieurs à la communauté, définissent sur des critères universaux ce qu'est la culture, les éléments qui se doivent d'être reconnus et ceux qu'ils faut préserver, et les imposent à la population. Dans l'approche proposée, les membres de la communauté sont compris comme des «experts d'usage». Hugues de Varine qui inspire notre démarche a mis de l'avant ce concept afin de valoriser l'expérience des principaux acteurs et usagers et de reconnaître le rôle primordial des gens de la communauté dans la définition, l'utilisation et la perpétuation de leur propre culture.

Une année d'expérimentation

La première année d'expérimentation du projet à Uashat mak Mani-Utenam a permis, avec la collaboration de Réginald Vollant, la formation de groupes de réflexion incluant une représentation équilibrée des membres issus des deux entités de la communauté, soit Uashat et Mani-Utenam. Cet équilibre est considéré par les membres du groupe comme un élément très important de la réussite du processus jusqu'à ce jour et garant de son développement futur, tout comme le fait que le projet se situe au niveau culturel et qu'il fasse appel à une participation bénévole et communautaire. Cette base de travail permet également une expression de fierté , une évocation et une façon de renouer avec l'entraide et le partage qui, se rappelle-t-on, étaient autrefois de pratique plus courante. Les rencontres prennent souvent la forme d'un partage d'expériences autour d'un café, parfois l'occasion d'un bon repas. Une opportunité de mieux se connaître, d'exprimer ses questionnements profonds sur la culture, la nécessité de sa transmission, mais avant tout sur l'impératif de définir communautairement ce qui importe, ce qui est significatif.

Une méthode à inventer

Afin de permettre aux discussions de prendre une forme susceptible d'être partagée avec le plus grand nombre, chacun des participants a identifié dix éléments significatifs pour lui, pour sa famille, pour son groupe. Il peut s'agir d'un événement, d'une personne, d'un lieu, d'un objet, d'une relation, ou de valeurs. Quelques rencontres ont ensuite permis de procéder à une mise en commun de tous les éléments identifiés et à leur regroupement suivant un nombre de concepts réunissant les éléments apparentés. Afin d'intégrer des éléments importants pour tous les groupes de la communauté, les participants au premier cycle des rencontres animent des exercices semblables avec des groupes de jeunes, de gens plus expérimentés, parfois plus âgés, d'autres qui auraient pu être marginalisés.

L'exposition comme moyen de partage et d'action

Au terme de la démarche entreprise par les différents groupes, la collecte des éléments importants et les discussions entourant leur regroupement en ensembles significatifs, il est important de diffuser l'information recueillie. L'idée est de favoriser l'interaction et la participation d'un nombre toujours plus grand des membres de la communauté. Des expositions destinés à des groupes restreints sont prévues afin d'enrichir les éléments et leurs regroupements qui ont d'abord été identifiés. Une exposition de plus grande envergure est prévue par la suite. La démarche est un appel à la création d'initiatives communautaires.