Nouvelle muséologie autochtone
Élise Dubuc

L'année 2006 a été très productive. Le projet d'alliance de recherche universités - communautés (ARUC) « Design et culture matérielle : développement communautaires et cultures autochtones » débuté en 2003 nous a amenés à réfléchir plus précisément à l'adaptation des modèles muséaux aux communautés autochtones. Les partenaires du projet, pour une majorité des musées de communautés, doivent être mieux outillés pour répondre aux besoins de leurs propres communautés. Attirer les touristes est une chose, la nécessité de développer le secteur économique est valable; néanmoins, il ne faut pas oublier les besoins de la communauté elle-même. L'intérêt de ses membres désirant retrouver dans les institutions qui doivent les représenter un reflet à leur image amène à chercher d'autres solutions. À Uashat mak Mani-utenam, la démarche participative débutée avec le groupe de réflexion « Mémoires du territoire/Innu utinniun », la formation en design donnée aux artisans, ainsi que les questionnements sur le rôle du musée Shaputuan ont mené à développer un projet de recherche et d'actions afin de répondre directement à cette question.

Utilisant l'opportunité offerte par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, par l'entremise de son programme de subvention « Réalités autochtones », le projet « Nouvelle muséologie autochtone » a pour objectif de renouveler l'exposition permanente du Musée Shaputuan. L'exposition installée à l'ouverture du musée en 1998 a fait son temps. Il est nécessaire aujourd'hui de s'attarder à mieux représenter la communauté. Le projet « Nouvelle muséologie autochtone » propose de le faire avec les membres de la communauté, tant dans la définition du contenu que dans la manière de l'exprimer, c'est-à-dire dans la réalisation de l'exposition. Cette approche nouvelle nécessite une implication et une participation des membres de la communauté, ainsi qu'un important volet de formation, afin de leur permettre de réaliser le travail. Ce processus est différent de la méthode habituellement employée par les musée, qui consiste à déléguer à une firme extérieure, spécialisée dans le domaine, le soin de décider du contenu de l'exposition et d'en assurer la réalisation, au risque, pour les communautés concernées comme c'est souvent le cas, de perdre le contrôle sur le processus et de ne pas se reconnaître dans le résultat final. Le défi posé par notre projet est très grand. Nous avons pensé réaliser nos objectifs en trois ans. Cette première année, en 2006, est consacrée à la réalisation d'un inventaire participatif. Les années 2 et 3, seront quant à elles destinées à la formation en muséographie, soit la conception des contenus et des façons de les exprimer par le design d'exposition, et à la formation en recherche de financement en préparation de la programmation à long terme.