Kim Gabriel

Un jour d'hiver, en novembre 1970, un homme au rôle paternel prochain veut se rendre dans le bois avec sa famille. La porteuse de l'enfant devrait accoucher le mois suivant. Ils quittent alors le foyer pour se rendre sur les territoires enneigés près de Schefferville. En conduisant la motoneige trop vite, l'homme ne peut éviter un trou et termine sa course contre un arbre. Le pied accroché à l'utérus, l'enfant ne peut plus se retourner dans le ventre de sa mère. Sans raquettes, l'homme et la femme marchent dans la neige pour retourner au chaud sous la tente montagnaise. Le retour semble interminable. En raison des complications liées à sa naissance, Kim naîtra à l'hôpital d'Ottawa plutôt qu'à Sept-Îles. Les grands-parents paternels de Kim (Angèle et George Gabriel), de Schefferville, parlent le vieux montagnais et connaissent tous les rudiments du territoire. La fabrication de raquettes est leur spécialité. Kim atteint l'âge de sept ans lorsqu'elle est bercée par sa grand-mère pour la première fois. Toutes deux se rencontrent à Ottawa. À 10 ans, Kim fait la connaissance de son grand-père à Québec, lors de son premier voyage en dehors de Schefferville, à l'occasion de la fête de sainte Anne. Au décès de celui-ci, elle hérite d'un mince montant d'argent
distribué également entre tous les petits-enfants. Même si elle n'a vu son grand-père qu'une seule fois, ce message montre l'importance de Kim pour ce dernier.

Sa mère lui rappelle ceci : « Ton grand-père adorait dessiner. Pendant 35 ans, il a travaillé aux Informations Division pour les affaires indiennes. Un jour, alors qu'il n'avait jamais travaillé la construction avant, il a réalisé qu'il savait le faire. C'était la même chose pour le dessin. »

Kim chevauche les sciences humaines (la psychologie) et les arts (le design d'intérieur, l'animation 3D), ce qui explique son grand intérêt pour le design. Fascinée par l'artisanat autochtone, en 2000 et 2003, elle apprend à confectionner les paniers et la couture traditionnelle (broderie, mocassins). Ces formations sont offertes par le conseil de bande de Odanak. Elle souhaite faire davantage de vannerie, mais elle ne dispose pas des ressources premières nécessaires.

Pendant l'année 2006, elle est chef d'équipe pour la réalisation de recensements dans trois autres communautés autochtones. C'est alors qu'elle réalise que la communauté abénakise est moins traditionaliste que les autres communautés. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui la motive à participer au projet Design et culture matérielle. Débrouillarde, convaincue, polyvalente, dynamique et créative, Kim est en quête d'un projet de vie aux bases artistiques et sociales.