Lise Bibeau

Lise naît le 19 juin 1949. La nature, surtout les racines et les feuilles, l’inspire.

Sur les deux rives, la jeunesse de Lise est couverte de préjugés. Chez les Indiens, elle est perçue comme une Canadienne et chez les Canadiens, comme une « sauvage ». L’influence est si forte, qu’un jour, elle refuse d’aller à l’école, menacée par des balles de neige glacées lancées par des jeunes de Pierreville. C’est son grand-père, Bruno Robert O’Bomsawin (guide de pêche, tout comme son père Elie Robert O’Bomsawin l’avait été avant lui), qui réagit auprès des jeunes. Après son intervention, ils la laisseront passer vers l’école.

Le père d’Yvon, le mari de Lise, transmet à son fils et à sa belle-fille un rucher entièrement biologique en héritage. Ainsi, de 16 à 33 ans, Lise, avec l’aide de son mari, entretient les ruches, récolte et produit du miel pour le vendre ensuite de porte en porte et dans des magasins. Les champs périphériques enduits de pesticides souillent le pollen des fleurs, qui tue les abeilles. Lise doit se détacher de ses ruches, mais elles lui tiennent toujours à cœur. Cette expérience l’inspire dans sa production. Elle s’associe au rucher.

En 2005, sous la responsabilité d’Hélène Durand, Lise participe à un projet pour démarrer une friperie avec des femmes de la communauté. À la suite de cette expérience, le groupe de femmes tricotent un jeté aux dessins représentant cinq symboles (ours, tortue, flèche, aigle, poisson) transcrits et tricotés au point jacquard dans les langues abénakise, française et anglaise. Cette couverture est ensuite donnée à la fondation Nathalie Simard. Un film est réalisé à partir de cette expérience. Il est diffusé en 2006 dans la série Sur la route des Première Nations (chaîne Évasion). Par la suite, Lise est interpellée pour participer à une entrevue télévisée à APTN au sujet de la cueillette d’une racine médicinale (sawaghane), un savoir transmis par sa grand-mère maternelle.

Sa grand-mère maternelle, Yvonne M’Sadoques, fabriquait des paniers pour élever ses deux filles, Mariette et Simone Robert O’Bomsawin. Vers l’âge de dix ans, Lise et sa sœur Jocelyne aident parfois leur grand-mère à border les paniers.

En 2003, Lise suit des cours du travail de l’écorce donnés par Victor Gill et offerts par le conseil de bande. Elle y découvre sa passion pour l’artisanat, particulièrement pour le travail de l’écorce. Depuis 2002, elle vend sa production d’objets d’écorce dans plusieurs boutiques d’objets artisanaux amérindiens de la France et du Québec, et dans des festivals comme Terre en vue de Montréal. Lise souhaite maintenant connaître la fabrication de paniers d’écorce aux motifs incrustés, se vouer complètement à la création et apprendre la langue abénakise.